La pêche à pied des coquillages
Elle est définie par un seul critère : elle est exercée le long du rivage sans recours à une embarcation. Elle peut être une activité d'appoint ou représenter l'unique source de revenus du pêcheur. Elle ne s'est pas développée de manière homogène sur l'ensemble du littoral. La morphologie de l'estran est un facteur déterminant. L'essentiel de la ressource naturelle exploitée sur l'espace découvrant est conditionné par la présence de gisements de bivalves fouisseurs en substrat meuble.
Certaines activités de pêche à pied sont aujourd'hui en déclin. C'est le cas de la pêche aux engins fixes qui conserve cependant, en certains endroits, une valeur patrimoniale et touristique (tésures et pêcheries fixes de la baie du Mont St Michel).
La pêche à pied des bivalves reste, au contraire, bien présente et semble en voie de structuration sur plusieurs secteurs. Elle intéresse près de 700 professionnels en Bretagne et les quantités récoltées annuellement fluctuent : quelques milliers de tonnes pour les palourdes japonaises (golfe du Morbihan), de 800 à 1000 tonnes pour les coques (principalement sur les gisements des Côtes d'Armor), de 100 à 300 tonnes pour les donax (ou tellines) (Baie de Douarnenez, Etel), enfin quelques dizaines de tonnes de moules en baie de Saint-Brieuc et dans la presqu'ïle de Rhuys. Les variations annuelles relèvent à la fois de contraintes inhérentes à la biologie des espèces exploitées et de contraintes administratives particulières à ce type d'exploitation.
Il convient également de noter une activité particulière pratiquée surtout sur les îles de Groix et de Belle Ile, la pêche à l'anatife, appelé « pouce pieds ». La production de la pêche à pied est difficilement quantifiable, car sujette à de sérieuses fluctuations en fonction de la ressource, mais l'économie induite n'est sans doute pas négligeable pour ces îles. Les pouce-pieds sont une espèce à forte valeur patrimoniale pour laquelle la Bretagne a une responsabilité à l'échelle européenne.
Le statut du pêcheur à pied professionnel a été éclairci par le décret du 11 mai 2001 , « réglementant l'exercice de la pêche maritime à pied à titre professionnel ». Il est soumis à la détention d'un permis délivré par le Préfet du département pour une durée d'un an renouvelable. Ce permis impose au pêcheur de « s'engager à participer à des programmes de gestion de la ressource ». Le présent décret fixe également de nombreuses obligations au pêcheur à pied professionnel comme l'obligation de déclaration statistique et de commercialisation par l'intermédiaire d'un centre d'expédition de coquillages destinés à la consommation humaine.
Enfin, il faut souligner que la pêche à pied domestique (de loisir) a un poids économique conséquent et est importante quantitativement et culturellement. Elle génère des conflits d'usage et une pression sur la ressource dans un contexte sanitaire difficilement contrôlable. Un suivi sanitaire est assurée par les directions départementales de l'action sanitaire et sociale (réseaux DDASS) et par l'Ifremer (réseau REMI)
Source :
- La mer et le littoral en Bretagne : pour une ambition régionale J. VIGO, 2001 - Ed.Conseil économique et social de Bretagne .