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Poissons volés, avenirs compromis

Des millions de dollars US de revenus indispensables aux populations insulaires de l'Océan Pacifique et côtières de l'Afrique de l'Ouest sont empochés par des pêcheurs illégaux dans les ports d'Europe et d'Asie. L'ONU estime que la Somalie perd chaque année 300 millions de dollars US au profit des braconniers des mers et la Guinée 100 millions. Globalement, plus de 4 milliards de dollars US sont perdus chaque année.

Comment devenir braconnier des mers

Les pirates, dans la fiction, arborent fièrement leur pavillon à tête de mort, se rendant ainsi facilement identifiables. En revanche, les braconniers des mers de notre temps cachent leur identité et leurs origines, ignorent ou violent les règlements et parcourent les mers souvent sous pavillon de pays peu regardants quant à leurs activités. Quelques clicks sur internet et 500 dollars US permettent l'achat, parfois en 24 heures seulement, de pavillons de complaisance de pays comme Malte, Panama, Belize, Honduras, Saint-Vincent-et-les Grenadines.

Une police pirate?

Loin de surveiller ces commerçants véreux, les Etats s'impliquent peu dans le contrôle de leurs activités ou de ce qu'ils déchargent dans leurs propres ports. Le butin est souvent transbordé de manière illicite sur des bateaux usines - appelés navires frigorifiques -, mélangé à des prises légales puis débarqué et vendu, en toute légalité, dans des ports "légaux" comme Las Palmas (Iles Canaries) ou Suva (Iles Fidji). Les pays victimes de ce vol à grande échelle sont en général les moins armés pour faire respecter les lois sur leurs propres eaux territoriales.

Bien qu'ils opèrent dans le monde obscur de la corruption, il n'est pas impossible de dépister les navires de pêche illégaux, leurs propriétaires et les opérateurs. Environ 80 pays leur servent d'hôtes, parmi lesquels Taiwan, Panama, le Belize, le Honduras et l'Union Européenne. Une législation internationale pourrait mettre fin à ce commerce.

Destruction environnementale

Les activités de pêche illégale aggravent la destruction globale de l'environnement marin. Puisque les braconniers des mers opèrent littéralement hors de portée de toute réglementation, les techniques de pêche qu'ils utilisent détruisent l'écosystème marin.

Les stocks de thon au large de la Tanzanie, Somalie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et République de Tuvalu sont la cible, chaque année, de filets géants ratissant des bancs entiers de poissons comprenant de jeunes poissons indispensables à la reproduction et à la croissance des futurs bancs. Les poissons sans haute valeur marchande, mais pouvant représenter une subsistance et des revenus pour les populations côtières, sont rejetés agonisants ou morts à la mer. Les prises accessoires de la pêche à la palangre constitue un autre problème, de même que le chalutage des crevettes.

Pour 1 kilo de crevettes débarqué, 3 kilos de faune et de flore marines sont pris et détruits. La pêche à la crevette, dont le pourcentage ne représente que 3-4 % du total des activités de pêche dans le monde, est responsable de près de 30% de la destruction de l'écosystème marin.

Eradiquer la pêche illégale

La pêche illégale peut être arrêtée. Les Etats peuvent déclarer illégaux les pavillons de complaisance et refuser l'entrée des navires de pêche et navires ravitailleurs qui les arborent. Si les Etats veulent protéger l'environnement et les populations vivant sous leur gouvernance, il leur faut mettre en place des mesures efficaces. C'est une question de volonté politique.

 
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